THERESE DE LISIEUX
  La Vie de Dans la Famille de Thèrése Martin
 








Histoire d’une famille
H:
Louis Martin

Né à Bordeaux le 22 août 1823, Louis Martin grandit à Alençon où il demeurera jusqu’en novembre 1877.
Fils de capitaine, élevé à la caserne, il gardera de la vie militaire bien des traits : goût de l’ordre, de la discipline, des voyages et... amour de la patrie.
Comme le saint Job, Louis passe par bien des épreuves. Pendant plusieurs années, il se livre à une quête tâtonnante de la volonté de Dieu sur lui, obligé bien souvent de changer de direction.
Il va, de l’Ermitage du Grand-Saint-Bernard où il aurait aimé une vie religieuse, à l’atelier d’horlogerie d’Alençon.
Maître et artisan horloger, Louis vit un célibat quasi monacal jusqu’à l’âge de 35 ans : période de huit années qui le conduit à trouver sa voie dans le mariage.
Une jeune et jolie dentellière, Zélie Guérin, lui est présentée par sa mère.
Zélie a un passé semblable au sien ; il est séduit et ils se marient le 13 juillet 1858.
Époux et Père
Epris d’un même idéal évangélique, Louis et Zélie ne vivent que pour leurs enfants.
Un grand rêve s’est envolé par le décès des garçons : celui d’avoir un fils prêtre.
Dieu y supplée à Sa façon en accordant Thérèse qui deviendra « la plus grande sainte des temps modernes » et la patronne des missions.
Louis est un militant chrétien intrépide; il affermit sa foi et son amour du Christ par la messe quotidienne, l’oraison, les retraites fermées, les adorations nocturnes, les pèlerinages...
Très affecté par la maladie et le décès de Zélie, survenu le 28 août 1877 des suites d’un cancer au sein, Louis vit cette épreuve selon l’esprit de l’Évangile, en union avec le Seigneur.
Lisieux
Après la mort de son épouse, Louis décide de quitter Alençon pour s’installer à Lisieux, dans un agréable cottage normand « Les Buissonnets » : lui et ses filles seront plus proches de l’oncle Guérin et de sa famille.
De ce « doux nid », comme l’écrira Thérèse, trois de ses filles, Pauline, Marie, Thérèse, s’envoleront vers la montagne du Carmel, tandis que Léonie tentera trois fois de se consacrer à Dieu chez les clarisses, puis chez les visitandines.
Louis sait partager son temps entre le travail intellectuel, l’organisation de la maison, la gestion de sa fortune, les devoirs de piété et l’éducation de ses filles.
L’Hôpital du Bon-Sauveur
A partir de 1887, nous constatons un mystérieux entrecroisement entre les phases de la maladie de M. Martin — l’artériosclérose cérébrale caractérisée par des troubles de la mémoire — et les étapes de la vie religieuse de ses filles.
Après les avoir offertes toutes les cinq à Dieu (Céline lui ayant fait part de son dessein de devenir religieuse), il s’offre lui-même en mai 1888.
Dès lors, il se livrera encore davantage à l’amour dans un abandon et un don illimité de lui-même, à travers son humiliant statut de pensionnaire à l’hôpital du Bon-Sauveur de Caen où Louis est interné, le 12 février 1889.
Fin de L’Exil
Céline, soutenue par ses soeurs, n’a jamais renoncé à reprendre son père afin de le soigner et de s’occuper de lui. Ce retour en famille tant attendu se vit comme une « fin d’exil » le 10 mai 1892.
Pendant les deux années qui précédèrent sa mort, la paralysie étant généralisée, M. Martin est entouré affectueusement par Céline, Léonie et un couple de domestiques.
A partir de mai 1894, son état de santé décline et son coeur commence à flancher.
Le 29 juillet 1894, Louis meurt paisiblement comme un enfant qui s’endort. Il avait soixante et onze ans moins un mois.
 
L'entourage de la Petite Thérèse:
Zélie Martin

En présentant précédemment le père de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus , nous avons déjà entrevu la figure si riche de Zélie, la mère
« incomparable » dont l’influence a marqué si heureusement Thérèse :
«
Le Bon Dieu m’a fait la grâce d’ouvrir mon intelligence de très bonne heure et de graver si profondément en ma mémoire les souvenirs de mon enfance qu’il me semble que les choses que je vais raconter se passaient hier.
Sans doute, Jésus voulait, dans son amour, me faire connaître la Mère incomparable qu’Il m’avait donnée, mais que sa main Divine avait hâte de couronner au Ciel !
» (Ms A, 4v°)
Pour raconter ses « premiers souvenirs [...] empreints des sourires et des caresses les plus tendres »,
 Pour parler de sa maman qui allait lui être ravie quand elle serait âgée de 4 ans seulement, Thérèse puisera dans le trésor des 216 lettres écrites par Madame Martin entre 1863 et 1877.
Cette correspondance familiale, rédigée avec sa spontanéité, a pour destinataires principaux son frère Isidore et son épouse, ainsi que ses filles Marie et Pauline, pensionnaires à la Visitation du Mans.
Ces lettres expriment mieux que toute analyse la richesse de sa personnalité, la finesse de ses intuitions et la qualité de sa vie spirituelle.

Rencontre avec Louis

La prévoyante tendresse du Père avait préparé l’un pour l’autre Louis Martin et Zélie Guérin.
Comme Louis, Zélie hérite de ses parents une foi robuste. Comme lui, elle est dotée d’une sensibilité affinée qui n’exclut pas le sens pratique : pendant que Louis déploie patience et précision dans une horlogerie-bijouterie, Zélie se perfectionne dans l’art de la dentelle, le Point d’Alençon, et devient chef d’entreprise.
Comme Louis, enfin, Zélie a désiré s’engager dans la vie religieuse et a été refusée par les Filles de la Charité chez qui elle avait demandé son admission.
C’est alors qu’elle fait à Dieu cette prière :
 « Mon Dieu, puisque je ne suis pas digne d’être votre épouse comme ma soeur, j’entrerai dans l’état du mariage pour accomplir votre volonté sainte. Alors, je vous en prie, donnez-moi beaucoup d’enfants et qu’ils vous soient tous consacrés ! »

Épouse et Mère
Zélie a 27 ans quand elle épouse Louis Martin. Dès lors, tout en poursuivant son commerce de Point d’Alençon et en coordonnant le travail pour ses ouvrières, elle se consacre avant tout à son foyer.
Chaque enfant qui vient apparaît comme un don de Dieu.
Trois semaines avant la naissance de Thérèse, la neuvième et dernière, elle écrit à sa belle-soeur :
« Moi, j’aime les enfants à la folie ; j’étais née pour en avoir beaucoup... »






LA VIE DE THERESE DEPUIS SA NAISSANCE 

A ALENÇON EN 1873

J.2/1 : 23 h 30, naissance de Marie-Françoise Thérèse Martin, 36, rue Saint-Blaise (aujourd'hui le 42).
S. 4/1 : Baptême en l'église NOTRE-DAME, par l'abbé Lucien Dumaine.
Marraine : son aînée Marie (treize ans); parrain : Paul-Albert Boul (treize ans).
M. 14/1 : Premier sourire à sa mère.
V. 17/1 : Symptômes d'entérite.
S. 1/3 : Thérèse est " très mal ".
M. 11/3 : Sauvée par la nourrice Rosalie Taillé.
S. 15 ou 16/3 : Départ en nourrice chez " la petite Rose " Taillé à Semallé.
D. 20/4 : Thérèse " bien portante et forte ".
J. 22/5 : Elle " pèse quatorze livres ".
M. 1/7 : Elle " marchera de bonne heure ".
D. 20/7 : " Un gros bébé... brunie par le soleil. "
L. 27/10 : Tres forte, grande, Thérèse se porte bien.

1874 - UN AN

J. 8/1 : " Marche seule.. douce et mignonne. "
J. 2/4 : Retour définitif de nourrice à Alençon.
L. 1/6 : " Je n'ai jamais eu d'enfant si forte, excepté la première... Elle parait très intelligente... Elle sera belle. "
M. 24/6 : Commence à dire à peu près tout.
D. 9/8 : Malade des dents, une semaine.
D. 8/11 : "Fait sa prière comme un petit ange....Chante de petites chansons."

1875 - DEUX ANS

D. 5/2 : S'échappe pour aller à la messe.
L. 29/3 : Voyage en chemin de fer, au Mans, avec sa mère. Cris et larmes au parloir de la Visitation; mais " très mignonne et d'une obéissance rare " en présence de soeur Marie-Dosithée.
M. 19/5 : "Toux opiniâtre avec la fièvre.. Enrhumée souvent."
8-22/10 : Encore malade.
D. 24/10 : "Guérie... mange mieux que d'habitude... petite drôlette gentille, maligne et mignonne. "
V. 5/11 : Ne veut pas s'endormir sans avoir fait sa prière.
D. 5/12 : "Ce pauvre bébé se met dans des furies épouvantables.. se roule par terre comme une despérée... bien nerveuse... intelligente... se rappelle tout. "
M. 28/12 : " Sait presque toutes ses lettres. " " Dès l'age de deux ans ", Thérèse pense : " Je serai religieuse " (Ms A, 6r°).

1876 - TROIS ANS

D. 5/3 : Progresse rapidement en lecture grâce à Marie.
D. 12/3 : Imite le jardinier : " Tu m'nabre, ma bonne femme."
D. 26/3 : " Papa, je suis toquée. " Elle est " extrêmement intelligente ".
D. 14/5 : "D'un entêtement presque invincible......... Coeur d'or et bien franche. "
D. 21/5 : Emotivité et loyauté de la petite Thérèse (la tapisserie déchirée).
Vers 16/7 : Première photo (VTL n°1). Fait la lippe chez le photographe.
D. 29/10 : Rien ne peut atteindre Thérèse si elle est dans les bras de sa mère.
M. 8/11 : " Se mêle de faire des pratiques " (de vertu).
Mi-nov. : Symptômes de rougeole. Malade quatre jours.
D. 24/12 : Mme Martin consulte le Dr Notta à Lisieux pour sa tumeur au sein; trop tard pour opérer.
En 1876 : " Dès l'age de trois ans, j ai commencé à ne rien refuser de ce que le bon Dieu me demandait " (DE,p. 717).

1877 - QUATRE ANS

M. 13/2 : Thérèse s'ennuie au sermon.
S. 24/2 : Mort de soeur Marie-Dosithée, visitandine au Mans.
M. 4/3 : Thérèse "tient à savoir quel jour elle vit. Son chapelet de pratiques ne la quitte pas une minute."
J. 22/3 : " La petite ne mentirait pas pour tout l'or du monde. "
M. 3/4 : " Moi, je serai religieuse dans un cloître. "
M. 4/4 : Première " lettre de Thérèse (à Louise Magdeleine. amie de Pauline).
L. 9/4 : Promenade en famille a Semallé.
J. 10/5 : Explique la " toute-puissance " de Dieu à Céline.
Mai : " Fait sa prière en sautant de joie.. Espiègle et pas sotte."
18-23/6 : Pèlerinage à Lourdes de Mme Martin, Marie, Pauline et Léonie.
Déb.août : Distribution des prix pour Céline et Thérèse.
M. 28/8 : Mort de Mme Martin, à O h 30.
J. 29/8 : Funérailles de Mme Martin. Thérèse choisit Pauline (seize ans) comme seconde maman.
D. 9/9 : M. Guérin trouve, à Lisieux, une maison pour les Martin : les Buissonnets.

LISIEUX

Les Buissonnets (1877-1888)

J. 15/11 : Arrivée à Lisieux de Thérèse et de ses soeurs, conduites par M. Guérin.
V. 16/11 : Installation aux Buissonnets.
V. 30/11 : Arrivée de M. Martin.

1878 - CINQ ANS

Avril : Pour la première fois, Thérèse comprend un sermon (de M. Ducellier, sur la Passion).
17/6 au 2/7 : Voyage de M. Martin, Marie et Pauline à Paris, pour visiter I'Exposition. Thérèse confiée à sa tante Guérin.
J. 8/8 : Voit la mer pour la première fois à Trouville.

1879 - SIX ANS

Dans le courant de l'année : première visite à la chapelle du Carmel (A, 14r°).
Eté (1880?) : Vision prophétique de la maladie de M. Martin.
79 /1880 : Première confession à l'abbé Ducellier, à la cathédrale Saint-Pierre.

1880 - SEPT ANS

Début de l'année : écrit seule.
J. 13/5 : Première communion de Céline, un des plus beaux jours de la vie de Thérèse.
V, 4/6 : Confirmation de Céline.
M. 9/8 : Lit La soeur de Gribouille de la Comtesse de Ségur.
M. 1/12 : Première lettre (conservée) qu'elle écrit seule (à Pauline).

1881 - HUIT ANS

Photographiée avec Céline et sa corde a sauter (VTL n° 2).
1. 2/6 : Première communion de Marie Guérin à l'Abbaye.
D. 10/7 : M. Martin donne une pie à Thérèse de la part de son frère de lait, Eugène Taillé.
L. 3/10 : Entrée à l'Abbaye bénédictine de Lisieux (Notre-Dame-du-Pré), comme demi-pensionnaire (classe verte).

1882 - NEUF ANS

J. 12/1 : Inscription à l’Oeuvre de la SAINTE-ENFANCE.
L. 16/2 : Pauline décide d'entrer au Carmel.
L. 17/4 : Marie prend le Père Pichon, jésuite, comme directeur de conscience.
M. 31/5 : Thérèse reçue "Enfant des SAINTS-ANGES".
Eté : Apprend par surprise le prochain départ de Pauline. Se sent elle-même appelée au Carmel. En parle à Mère Marie de Gonzague.
L. 2/10 : Entrée de Pauline au Carmel (soeur Agnès de Jésus). Rentrée scolaire de Thérèse (3e classe violette). Céline reçoit des leçons de dessin, que Thérèse s'abstient de demander, bien qu'elle en " brûle d 'envie ".
Octobre : Le nom rêvé de Thérèse " de l'ENFANT-JÉSUS " lui est proposé par Mère Marie de Gonzague.
D. 15/10 : Fête du 3e centenaire de la mort de sainte Thérèse d'Avila.
Décembre : Maux de tête, insomnies, " boutons et emplâtres, pâlotte ".
M. 12/12 : Céline reçue Enfant de Marie.

1883 - DIX ANS

M. 31/1 : Mère Geneviève de Sainte-Thérèse élue prieure du Carmel.
D. 18/2 : Mort de Paul-Albert Boul, parrain de Thérèse.
D. 25/3 : Pâques. Pendant un séjour de M. Manin à Paris, début de la maladie nerveuse de Thérèse chez les Guérin.
V. 6/4 : Prise d'habit de soeur Agnès de Jésus. Thérèse peut embrasser sa soeur au parloir.
S. 7/4 : Aux Buissonnets, rechute. Neuvaine des Martin à Notre-Dame-des-Victoires.
D. 8/4 : Mort de la grand-mère Martin à Valframbert (Orne).
D, 13/5 : Pentecôte, Guérison subite par le sourire de la Sainte Vierge.
Mai : Parloir au Carmel avec les carmélites, qui entraîne sa "peine d'âme" au sujet de sa maladie (jusqu'en mai 1888) et du sourire de la Vierge (jusqu'en novembre 1887).
20/8-30/9 : Vacances à Alençon. Thérèse prie sur la tombe de sa mère.
M. 22/8 : Première rencontre avec le P. Pichon, à Alençon.
L. 1/10 : Rentrée scolaire a l'Abbaye, 3e classe (violette), seconde division. Année de préparation à sa première communion.

1884 - ONZE ANS

Janvier : Entrée d'Henri Chéron comme préparateur chez M. Guerin.
Février-mai : Avec l'aide de la religieuse Agnès et de son "ravissant petit livre" préparation fervente à la première communion.
M. 2/4 : Reçue à l'examen de catéchisme.
D. 4/5 : Pensionnaire pour quatre jours (retraite).
5-8/5 : Instructions de l'abbé Domin.
M. 7/5 : Confession générale.
J, 8/5 : Première communion à l'Abbaye; le même jour, profession de s½ur Agnès au Carmel. Paix intérieure pendant un an.
J. 22/5 : Ascension. Communie pour la deuxième fois (vingt-deux communions du 8/5/1884 au 25/8/1885).
S. 14/6 : Confirmation par Mgr Hugonin, évêque de Bayeux, a l'Abbaye. Léonie est sa marraine.
J. 26/6 : Arrivée aux Buissonnets de Tom, I'épagneul blanc de Thérèse.

Juillet-aout : Coqueluche.

M. 16/7 : Prise de voile noir de soeur Agnès de Jésus.
Août : Vacances à Saint-Ouen-le-Pin, chez les Guérin.
V. 8/8 : Thérèse dessine la ferme de Saint-Ouen.
J. 25/9 : Inscription à la Confrérie du SAINT-ROSAIRE.
S. 4/10 : Marie au Havre, avec son père, pour saluer le P. Pichon qui s'embarque pour le Canada.
L. 6/10 : Rentrée scolaire à l'Abbaye, 2e classe (orange).
M. 14/12 : Thérèse nommée conseillère de l'Association des SAINTS-ANGES, à l'Abbaye.

1885 - DOUZE ANS

D. 26/4 : Inscription à la Confrérie de la SAINTE-FACE de Tours.
M. 29/4-5/6 : Séjour des Guérin à Deauville, maison Colombe.
D. 3/5-10/5 : Thérèse, en vacances à Deauville, dessine "le Chalet des Roses ". Maux de tête : " Je compris la fable de "L'âne et le petit chien".
17-21/5 : Retraite préparatoire à la rénovation de la Communion. Instructions de l'abbé Domin. Début de la crise de scrupules qui durera jusqu'a l'automne 1886.
J. 21/5 : Seconde communion solennelle.
Juillet : Thérèse reçoit un linot. Vacances à Saint-Ouen-le-Pin; "Franchement heureuse".
M. 4/8 : Céline (seize ans) termine sa scolarité à l'Abbaye.
S. 22/8 : Départ de M. Martin pour Constantinople (voyage de sept semaines) avec le P. Marie, de Lisieux.
20-30 (?) /9 : Vacances de Céline et de Thérèse à la Villa Rose, à Trouville, chez les Guérin.
Début octobre : Thérèse rentre seule en classe à l'Abbaye, sans Céline.
10 ou 17/10 : Retour de M. Martin à Lisieux.
J. 15/10 : Inscription de Thérèse à l'Apostolat de la prière.

 

1886 - TREIZE ANS

M. 2/2 : Réception comme aspirante des Enfants de Marie. Maux de tête. Fréquentes absences en classe. Photo VTL n° 3.
M. 3/2 : Marie de Gonzague élue prieure au Carmel de Lisieux. Sous-prieure : soeur Fébronie; Maîtresse des novices : soeur Marie des Anges.
Fevrier-mars : M. Martin retire définitivement Thérèse de l'Abbaye à cause de sa santé. Leçons particulières chez Mme Papinau. Thérèse s'aménage une chambre d'études dans une mansarde.
M. 15/6-s. 31/7 : Vacances des Guérin à Trouville, Chalet des Lilas.
M. 30 (?) juin : Arrivée de Thérèse à Trouville; Nostalgie des Buissonnets au bout de trois jours.
Août : Apprend le prochain départ de Marie pour le Carmel.
M. 21/9 : Reprise des leçons chez Mme Papinau.
M. 29/9 : Voyage de M. Martin et de Marie à Calais, Douvres, Paris, pour rencontrer le P. Pichon revenant du Canada. Voyage manqué de cinq jours, fertile en malentendus.
5 (?)/10 : Voyage de M. Martin et de ses filles à Alençon pour quelques jours.
J. 7/10 : Léonie entre précipitamment chez les clarisses d'Alençon.
V. 15/10 : Entrée de Marie (Marie du Sacré-Coeur) au Carmel de Lisieux.
Fin octobre : Thérèse libérée de ses scrupules.
M. 1/12 : Léonie rentre dans sa famille.
S. 25/12 : Au retour de la messe de minuit, grâce de " conversion " aux Buissonnets. Début de la " course de géant " (A, 44 v°).

1887 - QUATORZE ANS

Pour Thérèse et Céline, la vie aux Buissonnets. cette année, est " I'idéal du bonheur ".
Janvier-mai : Céline donne des leçons de dessin à Thérèse.
S. 19/3 : Prise d'habit de Marie du Sacré-Coeur, sermon du P. Pichon.
Nuit 19-20/3 : Henri Pranzini assassine deux femmes et une fillette à Paris. Thérèse retourne deux après-midi par semaine à l'Abbaye pour devenir Enfant de Marie.
M. 12/4 : Dessine l'église d'Ouilly-le-Vicomte, près de Lisieux.
D. 1/5 : M. Martin a une première attaque de paralysie, hémiplégie partielle.
Mai : Lecture des conférences du chanoine Arminjon. Communie quatre fois par semaine.
D. 29/5 : Pentecôte. Thérèse reçoit de son père la permission d'entrer au Carmel à quinze ans.
M. 31/5 : Réception comme Enfant de Marie à l'Abbaye.
J. 16/6 : Promenade à Touques; Thérèse dessinee, cueillant des fleurs.
Juin : Pèlerinage à Honfleur; Voyage à l'exposition du Havre. Thérèse achète deux oiseaux bleus pour Céline.
M. 21/6 : Soeur Agnès termine son temps de formation au noviciat.
20-26/6 : Vacances de Thérèse à Trouville chez les Guérin (Chalet des Lilas, 19, rue de la Cavée).
L. 27/6 : LT 24 où elle annonce à Jeanne Guérin la mort de huit vers à soie.
Juillet : Eveil à la dimension missionnaire devant une image du Crucifié.
M. 13/7 : Pranzini est condamné à mort. Thérèse prie et se sacrifie pour sa conversion.
Eté : Entretiens spirituels avec Céline, au Belvédère des Buissonnets.
S. 16/7 : Léonie entre à la Visitation de Caen.
J. 1/9 : Thérèse lit dans La Croix le récit de l'exécution de Pranzini (le 31 août), qui a demandé à baiser le crucifix.
J. 6/10 : Visite à Léonie à Caen.
6-15/10 : Retraite prêchée au Carmel par le P. Pichon.
S. 8/10 : Thérèse demande à son oncle Guérin la permission d'entrer au Carmel a No‘l (LT 27).
M. 12/10 : Céline prend le P. Pichon comme directeur de conscience.
18- 21/10 : Trois jours de ," martyre bien douloureux " pour Thérèse, au sujet de sa vocation.
S. 22/10 : Sous l'influence de soeur Agnès (lettre du 21/10), M. Guérin consent à l'entrée de Thérèse au Carmel.
L. 24(?)/10 : Démarche inutile auprès de M. Delatroëtte, supérieur du Carmel, opposé à l'entrée de Thérèse.
M 25/10 : Parloir avec soeur Agnès. Thérèse apprend l'opposition de M. Delatroette.
L. 31/10 : Visite de Thérèse et de son père à Mgr Hugonin, à Bayeux; réponse
dilatoire.

ZELIE MARTIN

Madame Martin, en parfaite harmonie avec son époux, établit dans son foyer un climat de tendresse imprégnée de fermeté, un climat de joie où la fête éclate dans le chant et le rire, surtout un climat de confiance envers Dieu et d’attention à Sa présence.
Elle sait diversifier sa « pédagogie » selon le tempérament de chacune de ses filles.
Ayant perçu dès 1865 les premiers symptômes du cancer qui l’emportera en 1877, Zélie prépare peu à peu ses aînées, Marie et Pauline, à la remplacer dans la marche de la maison et l’éducation des plus jeunes.

















LES PREMIERES SOUFFRANCES DE SA VIE


LE DECES DE SA MAMAN

 

Thérèse nous dit:

"j’ai beaucoup souffert depuis que je suis sur la terre, mais si dans mon enfance j’ai souffert avec tristesse, ce n’est plus ainsi que je souffre maintenant, c’est dans la joie et dans la paix,

je suis véritablement heureuse de souffrir. " (Ms.C 4v°)
Thérèse a rencontré la souffrance dès ses premiers pas dans l’existence.
Neuvième enfant d’un couple déjà âgé (Zélie a 42 ans et Louis a 50 ans), elle arrive dans une famille qui a connu la mort de quatre enfants

en bas âge.
Thérèse porte d’ailleurs le prénom d’une soeur morte deux ans plutôt à l’âge de sept semaines, la petite Mélanie-Thérèse.
Zélie est déjà une femme atteinte dans son dynamisme profond malgré l’énergie dont elle fait preuve pour assumer la marche de sa maison.
Dès les premières semaines de sa vie,Thérèse souffre d’entérite et d’anorexie.
Menacée de mort elle aussi, ses parents la confie à une nourrice de la campagne, Rose Taillé, dont la santé vigoureuse va redonner goût à la vie à la petite Thérèse.
Elle passe ainsi près d’un an chez cette nourrice, ne voyant ses parents qu’à l’occasion de visites passagères.
La souffrance de cette séparation précoce explique peut-être l’attachement très fort de Thérèse à sa mère par la suite ainsi que son tempérament extrêmement nerveux.
Lorsque Zélie meurt d’un cancer, Thérèse a quatre ans et demi.

Elle vit dans le silence cette séparation brutale sans pouvoir verser une larme.
Il faudra attendre l’âge de dix ans pour qu’elle pleure sur la mort de sa mère dans un nouveau contexte de séparation :
elle est en pension chez son oncle Guérin et celui-ci évoque avec elle le souvenir de sa Maman.
Thérèse pleure, mais son oncle l’interrompt :
« il dit que j’étais trop bonne, et qu’il me fallait beaucoup de distraction et résolut avec ma tante de nous procurer du plaisir pendant les vacances de Pâques. » (Ms.A 27v°)
Cela ne se fera pas car Thérèse sombre dans une étrange maladie qui va mettre à nouveau sa vie en danger.

 En novembre 1877, peu après le décès de Madame Martin, la famille s'installe à Lisieux dans cette maison dont ils ne sont que locataires et qui est située un peu en dehors de la ville, sur la route de Pont-l'Evêque, dans la ruelle "Chemin du Paradis".
Thérèse Martin y passera onze ans de sa vie jusqu'à son entrée au Carmel..
La première impression qui s'empare du pèlerin, quand il entre aux Buissonnets, est une impression de calme et de paix.
Dans ce cadre paisible, il imagine spontanément une Thérèse heureuse de vivre, entourée de l'affection de son père, de ses soeurs et de son chien Tom.
Certes, Thérèse explique elle-même, en racontant ses souvenirs d'enfance, qu'il n'y avait qu'aux Buissonnets que sa vie était

"véritablement heureuse".
Mais n'oublions quand même pas ce que Thérèse a écrit en parlant de la période de sa vie qui s'étend "depuis l'âge de quatre ans et demi jusqu'à celui de (sa) quatorzième année" :
ce fut, dit-elle "la plus douloureuse" de mon existence.
C'est, en effet, aux Buissonnets qu'elle a successivement perdu, lors de leur entrée au Carmel, ses deux grandes soeurs qui avaient joué auprès d'elle le rôle de seconde maman après la mort de Madame Martin.
Il n'en reste pas moins que cette demeure entourée d'arbres, fut le "doux nid d'enfance" de la petite Thérèse et que la visite des différentes pièces nous permet d'imaginer quelques épisodes de son enfance et de son adolescence :
la cheminée de la cuisine évoque la grande grâce de Noël 1886 la salle à manger où se tint le dernier repas de Thérèse avant son

entrée au Carmel
la chambre de son ainée Marie où elle fut guérie par la Vierge le dimanche 13 mai 1883 la chambre de sa soeur Léonie où sont exposés ses jouets, nous rappelle que sa piété ne l'empêchait pas d'aimer beaucoup sauter à la corde
Quant à la statue du jardin, elle nous fait évidemment penser au courage avec lequel elle demanda à son père le 29 mai 1887, en la fête de Pentecôte, la permission d'entrer au Carmel le plus vite possible
.

 

LES ENFANTS MARTIN  

Les 4 frères et soeurs de Thérèse
Au début de 1895, Thérèse écrit à Léonie :
« Plus de la moitié de la famille jouit maintenant de la vue de Dieu. » (LT 173)
En effet, leur père est décédé depuis six mois et leur mère, depuis 17 ans,

et les petits Hélène, Louis, Jean-Baptiste et Mélanie-Thérèse sont morts en bas âge avant ou peu après la naissance de Céline.
Née la dernière, Thérèse ne les a pas connus, mais assez tôt dans la vie, elle a bénéficié de leur soutien fraternel.

La Paix

Thérèse n’avait que quatre ans lors du décès de sa mère et ce furent successivement Pauline et Marie qui prirent la relève, devenant momentanément petite mère pour la fillette assoiffée d’affection.
Entrées l’une après l’autre au Carmel, elles ont laissé derrière elles une Thérèse très fragile, trop fragile...
si bien qu’à 13 ans, celle-ci se retrouve avec sa soeur Céline et son père, définitivement privée de mère.
Désemparée, que fait-elle ?
« Je me tournai du côté des Cieux. Ce fut aux quatre petits anges qui m’avaient précédée là-haut que je m’adressai [...]

Je leur (fis) remarquer qu’étant la dernière de la famille, j’avais toujours été la plus aimée, la plus comblée de la tendresse de mes soeurs [...]
Leur départ pour le Ciel ne me paraissait pas une raison pour m’oublier, au contraire se trouvant à même de puiser dans les trésors Divins, ils devaient y prendre pour moi la paix et me montrer ainsi qu’au Ciel on sait encore aimer !...
La réponse ne se fit pas attendre, bientôt la paix vint inonder mon âme de ses flots délicieux et je compris que si j’étais aimée sur la terre,

je l’étais aussi dans le Ciel...
Depuis ce moment ma dévotion grandit pour mes petits frères et soeurs et j’aime à m’entretenir souvent avec eux.
» (Ms A, 44)
La Petite Voie

Au moment d’écrire ces lignes, en 1895, Thérèse vient à peine de découvrir sa « petite voie toute nouvelle » (Ms C, 2v°).

La lecture des carnets de Céline, pleins de citations bibliques, fait son régal :

elle y trouve, illustrée à merveille, son intuition de l’Amour fou de Dieu et de sa tendresse toute maternelle pour nous, ses enfants...
« ses petits enfants », précise-t-elle, s’appuyant sur ce qu’elle a vécu, et de sa faiblesse, et de l’aide reçue.
Août-Septembre 1896.

Soeur Thérèse confectionne une image-signet pour son bréviaire. Nous y retrouvons ses quatre frères et soeurs avec les dates de leur

naissance et de leur retour au Père.
Ainsi bénéficie-t-elle de leur présence durant les longues heures de la prière liturgique de l’Église.
Le départ Fin Décembre 1896.

Depuis quelques mois, Thérèse sait... Elle qui rêvait de conquérir pour Jésus d’innombrables âmes, se retrouve « les mains vides »

face à la mort...
Plongée dans l’épreuve de la foi depuis un bon moment déjà, elle recourt à l’aide du « quatuor », et compose le poème

 

"À mes Frères du Ciel" (PN 44) :

Heureux petits Enfants,
De tous les Innocents
vous étiez la figure
Et j’entrevois
Les biens que dans le Ciel
vous donne sans mesure
Le roi des rois...
Les trésors des Élus,
leurs palmes, leurs couronnes,
Tout est à vous.
Et que demande Thérèse ?
Parmi ces Innocents,
Je réclame une place
Roi des Élus.


Par là, Thérèse demande à Jésus d’exercer envers elle la même miséricorde qu’envers ses petits frères et soeurs... et la même manificence.

Comment Douter Qu’elle n’ait été Exaucée ?

Ainsi, de l’aube au crépuscule de sa vie, Thérèse a-t-elle été entourée de l’amour d’Hélène, Louis, Jean-Baptiste et Mélanie-Thérèse et de leur présence secourable

 

Marie Martin
Marie, aînée de la famille et marraine de Thérèse, naît à Alençon le 22 février 1860.
Candide, droite, sincère, Marie a un caractère volontaire et ses gestes d’indépendance ne se comptent pas.
Maîtresse de Maison
Auprès de sa maman gravement atteinte, Marie va s’initier à la fonction d’éducatrice et de maîtresse de maison.
Au décès de sa mère, elle prend charge du foyer, elle a 17 ans.
Pauline, le 2 octobre 1882, entre au Carmel de Lisieux.
Thérèse ne peut résister au choc de ce départ : elle tombe malade.
Marie déploie alors toutes les ressources de sa tendresse.
C’est à « sa ferveur de mère qui demande la vie de son enfant » que Thérèse se dit redevable de la grâce du 13 mai 1883 : le sourire de la Sainte Vierge qui la guérit.
Quand Marie annonce son projet d’être carmélite, son père est plus que surpris : ce tempérament si ennemi du conformisme qui parle de s’enfermer dans un cloître ! Le Père Pichon s.j., directeur spirituel de Marie, n’hésite pas, et Marie rejoint Pauline au Carmel le 15 octobre 1888

De ses premiers pas au monastère Marie racontera plus tard :

« Je ne pensais même pas au bonheur d’être avec Pauline. Je ne pensais qu’à me demander comment je ferais pour passer ma vie entre ces

quatre murs ! »
Marie n’arrive pas au noviciat éprise de contemplation et d’ascétisme ;
l’acclimatation ne sera pas des plus faciles... mais Jésus l’a séduite !
Son postulat achevé, elle reçoit l’habit et prend le nom de Marie du Sacré-Coeur.
Quand Thérèse rejoint ses soeurs au Carmel le 9 avril 1888, quelques semaines avant la profession de sa marraine, celle-ci est désignée pour l’initier aux usages de la vie commune.
Dans un billet à son père, Marie campe les traits des deux soeurs réunies au même noviciat :

« Ta Reine, une perfection digne de son Roi. Pour moi, hélas ! je suis toujours le "diamant" dur à travailler. »
Les écrits de Thérèse

Marie est une femme indépendante et pratique, elle n’entend pas courir au-devant de l’holocauste ni jouer à la grande âme.
Quand Thérèse prononce son acte d’offrande à l’Amour, elle veut y associer son aînée ; celle-ci lui répond aussitôt :

« Bien sûr que non ; j’ai trop peur que le bon Dieu me prenne au mot ! »
Marie qui ne se piquait pas de haute spiritualité et se voulait plus que tout libre et vraie, eut l’intuition plus que ses soeurs.

C’est elle qui suggère à Mère Agnès de demander à Thérèse la rédaction de ses souvenirs :

le Manuscrit A.
C’est elle aussi qui demande un souvenir de retraite :

le manuscrit B, et provoque l’admirable lettre 197, charte de l’enfance spirituelle.
Enfin, elle sollicite de Thérèse le long poème « Pourquoi je t’aime, ô Marie. »
Marie n’a nul souci de se faire valoir et n’éprouve aucune amertume d’être toujours à l’écart des postes de responsabilité.
Son désir est de se dévouer dans l’effacement, d’être proche des malades, des soeurs converses, ses préférées.
De ses petits côtés de caractère elle dit :

« C’est une carapace trop dure pour que je puisse m’en débarrasser ! ».

Elle éprouve l’impuissance dans la prière et voit s’écrouler ses grands rêves de sainteté...
À travers cette expérience de pauvreté, elle approfondit les secrets de « la petite voie » :

« Je ne puis m’appuyer sur moi-même et je donne au bon Dieu le plaisir d’exercer sa miséricorde envers moi.
Alors je puis être heureuse d’être imparfaite. »

Ma richesse, c’est ma Misère

Marie est prête pour l’ultime étape, celle de la totale liberté dans la voie de l’amour, quand l’ankylose lui enlève la liberté de mouvement.
L’« indépendante » se voit placée plusieurs années durant, dans un état de sujétion qui la livre totalement à l’oeuvre du salut du monde.
Le salut des âmes sera jusqu’au bout sa passion, son tourment, sa raison de vivre...
La perspective de la mort ne l’effraie pas. Dans la plus entière sérénité, elle répond à l’appel de l’Époux le 19 janvier 1940 et s’unit à Lui dans le Royaume de l’éternelle liberté.
Pauline Martin

En route vers le Carmel
Petite fille espiègle, taquine, caressante, Pauline est confiée dès l’âge de sept ans à sa tante, la religieuse Marie-Dosithée, comme pensionnaire à la Visitation du Mans.
À l’école de François de Sales, Pauline se dispose à entendre déjà l’appel du Seigneur pour une consécration totale dans l’abandon et l’humilité.
« Perle fine » :

ce surnom affectueux donné par M. Martin à sa deuxième fille, campe déjà la personnalité riche et forte, audacieuse et douce, sensible et affectueuse de celle qui sera la «petite mère », non seulement de Thérèse, mais aussi de ses autres soeurs.
Après le décès de sa maman, Pauline collabore avec Marie à la bonne marche du foyer et à l’éducation de ses plus jeunes soeurs.
Quand vient pour Thérèse le moment de poursuivre ses études chez les bénédictines de Lisieux, Pauline juge que le temps est venu pour elle d’entrer au Carmel.
Mais Thérèse ne peut supporter ce nouveau choc que constitue le départ de sa seconde maman ; elle est atteinte d’une étrange maladie dont la délivrera plus tard le sourire de la Sainte Vierge.
Premières années au Carmel
Pauline entre au monastère le 2 octobre 1882; elle y reçoit le nom de Agnès de Jésus.
La S.Agnès, de son cloître, continue de former, de soutenir, et de conseiller Thérèse, en particulier dans le très dur combat qu’elle doit mener pour obtenir d’entrer au Carmel à 15 ans.
Quand Thérèse entre au Carmel le 9 avril 1888, Pauline s’attend-elle à poursuivre sa «mission » auprès d’elle ?
Dans cette situation délicate, Thérèse saura, avec une étonnante maturité et un tact admirable, donner à sa « petite mère » l’affection qu’elle désire, tout en se référant dans la foi à la prieure et à la maîtresse des novices pour tout ce qui concerne son initiation à la vie du Carmel.

Consacrée « Petite Mère »
S.Agnès n’a que 32 ans quand elle est élue prieure le 20 février 1893.
Petite de taille, timide, facile à émouvoir, elle doit surmonter une certaine faiblesse de santé.
La jeune prieure apparaît sur les photos calme et sérieuse, femme d’écoute, capable de faire face aux événements et aux interrogations.
Sa vive sensibilité est équilibrée par une vie spirituelle profonde et un grand esprit de foi.
Durant ce triennat, la religieuse Agnès accueille au monastère Céline, la quatrième des filles  Martin, et sa cousine Marie Guérin : situation unique dans l’histoire du Carmel, qui exige beaucoup de doigté de la part de la prieure.
De plus elle confie officieusement à Thérèse la responsabilité du noviciat.
En 1896, après des élections difficiles, Mère Marie de Gonzague reprend la charge de prieure et S.Agnès est ainsi rendue plus libre pour remplir sa « mission » auprès de Thérèse dans les derniers mois de sa vie et dans les débuts de l’« ouragan de gloire ».
Bref moment de répit dans un itinéraire lourd de responsabilités.

Au Service d’une Sainte
Mère Agnès est réélue prieure en 1902 au moment où, l’"Histoire d’une âme" étant publiée, se précise la perspective de la béatification de Thérèse.
Et, en 1923, par un privilège exceptionnel, Mère Agnès est nommée « prieure à vie » par le pape Pie XI.
Malgré l’avalanche du courrier, le flot des visiteurs, les fêtes successives de la béatification et de la canonisation, Mère Agnès réussit à maintenir dans sa communauté le climat de solitude et de silence nécessaire pour une véritable vie contemplative.
Au sein de tant de gloire, nous retenons de sa part, ce mot à saveur thérésienne :

« Plus c’est grand, plus j’aime la petitesse. »
Dépositaire de l’héritage de Thérèse, elle devient un point de référence vers lequel se tournent les papes Pie XI et Pie XII qui la consultent, ainsi que les fondateurs de la Mission de France pour la nouvelle évangélisation, et les initiateurs du Centre de pèlerinage qui commencent à Lisieux la construction de la Basilique.
Après la grande tourmente de la guerre avec les redoutables bombardements sur Lisieux en 1944, Mère Agnès achève dans la paix sa longue carrière et retourne doucement dans la Maison du Père le 28 juillet 1951.
« Petit Héraut » de Thérèse

Dans sa longue vie de 89 ans, Pauline aura laissé une marque ineffaçable sur tout ce qui concerne la vie, les écrits, et la glorification de sainte Thérèse.
C’est à elle que nous devons les Manuscrits autobiographiques de Thérèse ainsi que les Derniers Entretiens.
Ses dépositions denses et très précises aux Procès de béatification et de canonisation sont une mine de renseignements.

LEONIE ET CELINE

La « pauvre Léonie » : c’est ainsi qu’on la désigne dans les lettres ou les conversations dans la famille Martin.
Pauvre selon nos regards à courte vue ; pauvre si on la compare à ses ainées si richement dotées de dons spirituels, artistiques, intellectuels ; pauvre en raison de son cheminement vocationnel tout en méandres !
Et pourtant, Léonie, la troisième de la famille Martin, sera la meilleure disciple de Thérèse, celle qui entrera le plus à fond dans la voie de l’enfance spirituelle.
Une Enfance Difficile
Quand elle naît le 3 juin 1863, débute pour ses parents le cortège des soucis en raison de sa frêle santé :
retard de développement, convulsions, eczéma dont elle souffrira toute sa vie.
Et même si, vers l’âge de six ans, son état de santé semble se stabiliser, elle ne laisse pas d’inquiéter par son caractère difficile qui nuit à l’atmosphère familiale.
Madame Martin n’a plus foi qu’en un miracle pour changer sa nature !
Est-ce le premier signe de ce miracle désiré quand Léonie écrit à sa tante visitandine, quelques jours avant la mort de celle-ci, le 24 février 1877, pour lui demander d’intercéder afin qu’elle devienne une sainte religieuse ?
Serait-ce grâce à l’intercession de la sainte tante, que fut décelée l’une des causes qui rendaient Léonie insaisissable ?
La servante Louise, dévouée et fidèle par ailleurs, exploitait la faiblesse de Léonie et exerçait sur elle une autorité despotique.
Quand la situation est clarifiée, Léonie commence une transformation qui s’accélère encore après la mort de Madame Martin.
Vie Religieuse
Pourtant, Léonie n’a pas fini de surprendre et d’inquiéter.
À l’occasion du voyage de la famille à Alençon en 1886, Léonie décide soudainement d’entrer au monastère des clarisses où elle ne reste que deux mois.
La tante, visitandine au Mans, avait écrit à Madame Martin en 1869 :

« Quant à cette petite Léonie, je ne puis m’empêcher de croire qu’elle sera Visitandine ».
L’intuition va se réaliser, mais Léonie devra plonger trois fois avant de s’établir définitivement dans les profondeurs de la vie salésienne.
Une première fois en 1887 :

elle n’y reste que six mois et sera donc au foyer quand Thérèse le quitte pour entrer au Carmel.
Léonie, fidèle compagne de Céline, partage le rude chemin de Croix que constitue la maladie de leur père.
Elle tente un deuxième essai à la Visitation en juin 1893.
Dans des lettres très affectueuses, Thérèse la soutient, mais Léonie doit revenir dans la famille deux ans plus tard.
Après son envol vers le Ciel, Thérèse obtiendra à sa « chère Léonie » de réussir un troisième essai à la Visitation : entrée le 28 janvier 1899, elle y mourra le 16 juin 1941 âgée de 78 ans.
Dans la Petite Voie

Sous le nom de S.Françoise-Thérèse, elle devient en vérité fille de François de Sales, le saint de la douceur, et s’engage à fond dans la voie de la confiance et de l’abandon, à l’école de sa sainte petite Thérèse.
Consciente de ses faiblesses, de ses lacunes, elle se réfugie dans la miséricorde de son Bien-Aimé.
La vie de Léonie tient en ces mots qu’elle a écrit :

« O mon Dieu, dans ma vie où Vous avez mis peu de ce qui brille, faites que comme vous, j’aille aux valeurs authentiques, dédaignant les valeurs humaines pour estimer et ne vouloir que l’absolu, l’éternel,

l’Amour de Dieu, à force d’Espérance. »(1) Pensées de retraite, octobre 1934.(1). 

    Céline Martin

Céline, c’est « l’intrépide, la courageuse », celle que Thérèse appellera affectueusement « le doux écho de mon âme ».
Elle est âgée de quatre ans quand naît Thérèse.
Les deux petites deviennent inséparables : pour les leçons aussi bien que pour les jeux,

Thérèse veut être en compagnie de Céline.
Protectrice de Thérèse devenue timide et pleureuse après la mort de sa maman,

Céline est la première à constater les effets prodigieux de la grâce de Noël 1886 qui assure la maturité psychologique de Thérèse.
Elle est sa compagne au cours du voyage à Rome et l’encourage à parler au Pape afin d’obtenir l’autorisation d’entrer au Carmel.
Après son entrée au monastère,

Thérèse se sent un coeur maternel pour Céline qu’elle aspire à voir parcourir auprès d’elle,

la route vers les sommets de l’Amour.
Céline doit auparavant assister son père jusqu’à sa mort en 1894.
Pendant ces années, elle se passionne pour la photographie, la littérature et la peinture.

Le 14 septembre 1894, Céline entre au Carmel
Elle a 25 ans. Elle reçoit le nom de S. Marie de la Sainte-Face et est confiée à Thérèse devenue sous-maîtresse du noviciat.
Pour elle qui a été si longtemps maîtresse de maison, l’entrée dans le cadre rigide de la vie monastique et dans les exigences de la vie communautaire ne se fait pas sans difficultés.
Celles-ci sont l’occasion pour Thérèse d’expliciter son enseignement, « sa petite doctrine ».
Céline devient la disciple de sa cadette et nous livrera plus tard le recueil de ses « Conseils et Souvenirs ».
Céline est le témoin attentif des merveilles de la grâce de Thérèse.
Elle est là lorsque, le 9 juin 1895, Thérèse la sollicite pour s’offrir avec elle à l’Amour Miséricordieux.
Elle accompagne sa cadette dans les étapes de sa douloureuse maladie, lui prodiguant ses soins délicats, jusqu’au terme de la longue agonie, le 30 septembre 1897.
Céline, Héraut de Thérèse

Céline, devenue S.Geneviève, n’aura pas le temps de s’arrêter à la souffrance où la plonge le départ de Thérèse.
« L’ouragan de gloire » commence à déferler sur le Carmel de Lisieux.
Céline se met à l’oeuvre pour répandre le message de Thérèse.
Elle utilise ses talents de peintre pour nous donner sa physionomie, comme elle avait su pratiquer l’art de la photographie pour nous conserver son « vrai visage ».
Ces portraits, ainsi que les images reproduisant sa peinture de la Sainte Face, vont circuler dans le monde entier à des millions d’exemplaires.
Céline est aussi une femme de lettres.

A donnée tout entière aux travaux concernant Thérèse, elle a de nombreux écrits à son actif :
Vie en images, Petite Voie en Images, Petit Catéchisme de l’Acte d’Offrande,

Vie de son Père, Vie de sa Mère, etc.
Un Beau Crépuscule
Thérèse a fait une promesse à Céline :

 « Je viendrai vous chercher le plus tôt possible ».
Souvent redite entre juillet et septembre 1897,

cette promesse s’est accomplie 62 ans plus tard, soit le 25 février 1959.
Céline, âgée de 90 ans moins deux mois, était la dernière survivante de la famille Martin.
Thérèse n’avait pas oublié sa promesse :

secrètement elle était venue et l’avait entraînée dans la voie de l’enfance spirituelle.
Saisie par l’Amour miséricordieux,
Céline était prête à s’envoler sur les ailes de l’Aigle Divin.

 

 

                  
 
   
 
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